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Le jour où « J’ai invité des Berlinois à une soirée techno sur ma ferme »

David (1), vingt-trois ans, éleveur de veaux sous la mère dans les Alpes-de-Haute-Provence.

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«Je suis passionné de musique techno et électro. J’en écoute et je mixe également des morceaux, qui sont diffusés sur la plateforme SoundCloud. Avec le collectif Techno Cadeau, j’anime des soirées en tant que DJ. Je parcours les boîtes de nuit les plus réputées d’Europe pour ce type de son. C’est ainsi que j’ai eu la chance d’accéder au Berghain, le temple du genre à Berlin. Pour y entrer, il faut faire des heures de queue ! J’y ai rencontré des personnes venant d’univers professionnels très différents : la communication, l’événementiel, la finance… Quand je dis que je suis “farmer”, elles ne me croient pas. L’image des agriculteurs reste désuète. Les gens voient en moi un jeune comme les autres. Je voyage, je ne suis pas perdu dans ma campagne et, sans être réducteur, j’ai un smartphone, un compte Facebook et un compte Instagram.

Il y a trois ans, j’ai invité une vingtaine de ces Berlinois à venir sur mon exploitation de veaux élevés sous la mère. C’est une structure à taille humaine. Je possède 90 bêtes et je vends presque entièrement ma production en direct. Mes hôtes avaient une vision industrielle de l’élevage. Leur regard a changé. Ils ont caressé les veaux et ils m’ont aidé à les nourrir. Ils étaient émerveillés.

Dans ce milieu, j’ai rencontré beaucoup de végans. Katia, une jeune trentenaire, m’a expliqué qu’elle avait choisi ce mode de consommation parce qu’elle ne voulait pas cautionner l’agriculture intensive. Elle était très bien informée des fluctuations des marchés agricoles. Cela m’a surpris. Elle m’a également dit qu’elle aimait la viande, mais que celle qu’elle trouvait en grandes surfaces n’avait pas de goût. Chez eux, ils mangent des burritos végans. Chez moi, ils ont dégusté des hamburgers avec les steaks hachés de veaux de ma ferme. À les entendre, ils n’avaient jamais savouré quelque chose d’aussi bon !

Pour l’occasion, j’avais créé une boîte de nuit improvisée avec des bottes de foin. Nous avons écouté de la techno jusqu’au petit matin. Depuis, ces personnes suivent l’actualité de l’exploitation sur les réseaux sociaux. Nous restons en contact.

Au cours de ces soirées, j’ai également fait la connaissance d’un photographe professionnel qui a fait le déplacement jusque chez nous pour réaliser des clichés de mes bêtes. J’en ai diffusé certaines sur Facebook. »

Propos recueillis par Chantal Sarrazin

(1) Le prénom a été changé.

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